CONTRÔLE DE PERFORMANCES France Conseil Élevage met les pieds dans le plat
EV Consult, l'un des deux opérateurs privés agréés pour le contrôle de performances, est dans le collimateur de FCEL.
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Le service public de contrôle de performances est entré, depuis un an, dans une nouvelle ère. Celle de la mise en concurrence effective, avec l'agrément, non plus d'un seul mais, éventuellement, de plusieurs opérateurs sur une zone donnée, sous réserve de respecter le cahier des charges publié par le ministère. Pour le contrôle laitier bovin, six acteurs se sont ainsi ajoutés aux opérateurs historiques qui, eux, se sont bien gardés, pour l'instant, de se faire concurrence. Quatre sont des chambres d'agriculture : celle de la Somme, désormais en confrontation avec Avenir Conseil Élevage qui rayonne sur le Nord et la Picardie, et celles des Vosges, de Meurthe-et-Moselle et de la Meuse, en concurrence frontale avec Optival (lire ci-contre). S'ajoutent deux privés : Audit Élevage et EV Consult. Le premier, agréé sur six départements de l'Ouest, affiche des ambitions de conquête modérée, pour l'instant, avec ses deux salariés. Le second, une société de droit belge, apparaît comme une menace à plus court terme pour ceux qui ont pignon sur rue. Forte de six salariés, EV Consult est agréée sur cinquante départements et s'appuie sur des vétérinaires ayant recours à un logiciel (Coach Lait) et à un laboratoire d'analyse (Lactéus) communs.
« Nous ne craignons pas la concurrence, dès lors qu'elle est loyale », a rappelé Dominique Davy, président de France Conseil Élevage, lors de la récente assemblée générale de la fédération. Visiblement, elle ne l'est pas à ses yeux en ce qui concerne l'activité d'EV Consult. « La qualité des données entrées dans le Sig (1) ne semble pas être la préoccupation majeure des vétérinaires sur lesquels elle s'appuie. Leur objectif est clair : ils veulent développer leur activité de conseil, largement financée par la vente de médicaments, en proposant un service de contrôle laitier low cost. Et pour pratiquer des prix bas, ils semblent prêts à faire l'économie des charges que nous assumons pour respecter le référentiel qualité de FGE (2). »
Un écart de prix incitatif chez EV Consult pour choisir le B, et pas le A
FCEL reproche, par exemple, à EV Consult de ne pas assurer tous les protocoles de contrôle, comme exigé, et donc le « A » avec peseur, plus onéreux. Autres critiques : l'utilisation d'échantillonneurs pour robot qui ne seraient pas agréés ICAR, l'allégement du mode opératoire pour le renseignement par l'éleveur de certaines données (cas de mammites, statut des vaches)...
Directeur d'EV Consult, Yves Laurent balaie toutes ces critiques d'un revers de manche. « Nous proposons tous les protocoles dont le "A". Mais personne ne l'a pris pour l'instant. » Il est vrai que l'écart de prix entre le contrôle B par l'éleveur et le contrôle A, plus du double, est dissuasif chez EV Consult, qui dit clairement ne pas faire la promotion du « A ».
Audit du système qualité obligatoire tous les 18 mois
L'écart est bien moindre dans les offres de service des entreprises de conseil élevage. « Nous travaillons au coût réel et nous ne mutualisons pas nos tarifs, contrairement aux opérateurs historiques », justifie Yves Laurent.
EV Consult déclare collaborer avec 560 élevages laitiers, dont 70 en contrôle officiel (tous au contrôle B avec ou sans robot), activité démarrée au printemps 2015. « On nous fait un mauvais procès. Nous ne craignons pas les contrôles externes. Ils sont évidemment nécessaires pour que les éleveurs puissent disposer de données fiables. »
Il faudra encore un peu de patience pour savoir si EV Consult mérite ou pas son agrément. Le système de management de la qualité, par ailleurs obligatoire, impose qu'il soit l'objet d'un audit tous les dix-huit mois.
JEAN-MICHEL VOCORET
(1) Système d'information génétique.(2) France Génétique Elevage
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